Prendre soin de qui on est

Bonjour à tous !

Un des premiers concepts qui m'a permis de m'appréhender autrement a été "les 5 blessures" de Lise Bourbeau. Je dis souvent que je ne sais pas qui, de Freud ou de Lise Bourbeau, est dans la vérité. L'un considère que c'est dans notre petite enfance que tout se joue, l'autre, que nos blessures d'âme sont en nous et que les autres, et donc nos parents et l'environnement de notre enfance ne font que réactiver des blessures existantes. Par contre, je sais que, pour moi, cette notion de blessures déjà présentes en nous avant notre naissance a été très aidante. En grande partie, parce que j'avais besoin de ne pas rejeter la responsabilité de ce que je jugeais comme mes dysfonctionnements, mes entraves sur mes parents. J'ai eu des parents très aimants et j'avais besoin que cet amour continue de vivre en moi et de ne pas passer par la case " C'est à cause de papa et maman que ...... "

Pour Lise Bourbeau, nos blessures sont donc présentes en nous. Ainsi, on peut imaginer qu'un enfant de 3 ans qui a une blessure de rejet peut se sentir rejeté quand arrive un petit frère ou une petite sœur. Si cet enfant a une blessure d'abandon, il peut se sentir abandonné. S'il a une blessure de trahison, il peut se sentir trahi et penser quelque chose dans le genre " ce n'était pas au contrat, personne ne m'a prévenu  qu'il y aurait un petit frère, on m'a fait croire que je serai l'enfant unique et chéri de papa et maman " Si cet enfant a une blessure d'humiliation, il peut s'imaginer que ses parents font un autre enfant parce qu'il n'est pas, lui, un enfant satisfaisant. Enfin, s'il a une blessure d'injustice, il peut ressentir cette situation comme quelque chose d'injuste. Cette façon de voir les choses a été longtemps très douce pour moi. Pour avancer, il me suffisait, donc, de prendre soin de mes blessures afin de les guérir et de pouvoir ainsi, poser mes masques/ protections et vivre alignée sur moi. Je comprenais, bien sûr, que je n'avais pas qu'une blessure et que ce serait un travail long mais possible et le voyais comme un objectif à atteindre. Dans un deuxième temps, la notion de 5 blessures et 5 masques m'a parue restrictive et je l'ai élargie, en gardant le terme de blessure et de masque, j'ai commencé à ne plus chercher à mettre dans les cases " rejet , abandon, , humiliation, trahison , injustice " j'observais mes masques, mes comportements qui ne me semblaient pas en phase avec mon moi profond et je cherchais la blessure qu'ils cachaient afin d'en prendre soin. 

En avançant, ce qui a commencé à me déranger, c'est la notion de guérison des blessures. Lise Bourbeau ne parle pas, à proprement parler, de guérison, toutefois le terme même de blessure induit que la guérison doit être un objectif. 

Finalement, en cherchant à avancer sur soi avec cet objectif, nous cherchons à être tous identiques, à effacer nos faiblesses, nos "imperfections", ou simplement notre différence, c'est un peu comme si nous allions chez un chirurgien esthétique pour lui demander la perfection ou l'effacement de toutes nos particularités. 

 

Prenons l'exemple d'une personne ayant la peau très blanche et donc hypersensible au soleil. Elle peut être dans le dénie de cette particularité dérangeante et décider de ne pas en tenir compte. Elle aura donc des coups de soleil à répétitions encourant ainsi un grave danger pour sa santé et continuera toute sa vie à rager de ne pouvoir avoir une belle peau hâlée, peut-être même en voudra-t' elle à ses parents de lui avoir transmis un gène défaillant. Personnellement, j'ai souvent été dans le dénie de certaines parties de moi, comme par exemple celle que j'ai  mise à jour dans un de mes derniers articles, à savoir "avoir peur du non de l'autre". Je ne voulais pas le voir parce que c'était trop en contradiction avec mes principes de tolérance à l'autre.

Possible, aussi,  que cette personne, hypersensible au soleil, décide de se protéger à tout prix, évitant le soleil jusqu'à affirmer qu'elle ne l'aime pas, se privant de randonnées jusqu'à oublier qu'elle pourrait se passionner pour la randonnée. Si je reprends mon parallèle avec ma difficulté à recevoir le non de l'autre, je vois que j'ai, souvent aussi, été dans cette posture, par exemple en évitant de demander quoi que ce soit aux autres.

Une autre possibilité pour cette personne hypersensible au soleil est de prendre soin tout simplement de cette particularité en ayant toujours avec elle de la crème de protection et en acceptant sa peau blanche comme une particularité singulière et personnelle. N'est ce pas ce que j'ai commencé à faire moi même en examinant de près ma particularité " intolérance au non de l'autre" et en décidant de l'accepter?

 

Je crois, aujourd'hui , que je vais tendre vers la suppression, de mon vocabulaire,  des termes "blessures" et  "masques" et les remplacer par : particularité souffrante  ou partie de moi souffrante, pour blessure et protection pour masque. Ça me semble tellement plus doux de penser à prendre soin de qui je suis, plutôt que de vouloir changer qui je suis . Qu'en pensez vous ? 

 

Merci à Nathalie, qui m'a envoyé la semaine dernière cette vidéo de Conrad 

Conrad : Se connaître, s'aimer et honorer la Vie.

Écoutez, sur la fin, le passage concernant les blessures.

Le début m'a aussi fortement interpelée sur un sujet dont je parlerai sûrement dans un autre article.

 

Photo de Pierre Riochet : Son site 

 

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